Paris, 22 février [18]77, jeudi matin, 8 h.
Je n’ai pas dormi de la nuit, et toi ? Je ne sais qu’en penser car ce n’est pas encore l’heure de ta messagère. Je me borne donc à espérer que tu as dormi du sommeil de l’innocent, bien que pourchassé par une biche aux abois, seul gibier qui sache relancer à fond son chasseur ainsi que tu en fais trop souvent l’expérience à tes dépens.
Autre [illis.], il serait temps, je crois, de préparer quelques projectiles pour la traite Rousselle qui ne tardera pas à passer à partir de 1 500 F… [illis.] reçu en marchandises selon la langue cynégétique du commerce. Moi-même je ne serais pas fâchée que quelques grains de ta poudre à moingneautes, tombent – pardon, tombassent dans la poche de la cuisinière aujourd’hui. En attendant, je médite une forte migraine que je garderai pour moi seule jalousement, je l’espère.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 55
Transcription de Guy Rosa