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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 janvier [1847], mardi après-midi, 3 h. ¾

Pendant que vous faites les yeux doux aux tribunes féminines, cher scélérat, moi je vous aime toute seule dans mon coin. Il faudra pourtant que vous me laissiez reprendre mes habitudes d’autrefois, quitte à déranger un peu les vôtres de maintenant. Je voudrais aller à la Chambre chaque fois que vous y êtes ou au moins presque chaque fois. Je voudrais aller au-devant de vous à l’Académie tous les jeudis. Est-ce que cela vous désobligera beaucoup que je reprenne mes bonnes habitudes d’autrefois, dites ? Si cela était je suis femme à les reprendre tout de même et à vous donner une dégelée un peu soignée pour vous apprendre comment j’entends la générosité et l’abnégation à mon compte. Avec tout cela j’ai un froid de loup et je suis bien patraque. J’ai beau faire, je ne parviens pas à remonter sur ma bête, comme on dit. Plus je vais et plus je me rouille. Il faut absolument que je me secoue pour me ravigotera un peu. Or le meilleur exercice à prendre c’est de vous aller chercher tous les jours n’importe où vous serez.
En attendant, jouissez bien de votre reste aujourd’hui auprès des faumes de rencontres et des duchesses d’occasion que vous trouverez sur votre passage. Une fois que je vous surveillerai je vous garderai bien assez.
Quand viendrez-vous ce soir ? Personne ne le sait, pas même vous peut-être. Je compte copier toute la soirée aujourd’hui. J’espère que rien ne s’y opposera et que personne ne viendra me déranger. Mais vous seriez bien gentil de venir me donner un peu de joie et de bonheur avant le dîner. Il me semble que si tu le voulais bien tu le pourrais. Il est impossible que tout temps soit pris sans une pauvre minute de repos de temps en temps. Ce sont ces minutes-là que je te demande à cœur et à cri.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 13-14
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « ravigotter ».

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