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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 15 janvier [18]77, lundi matin, 11 h. ¼

Sans t’en douter, mon cher grand homme, tu as quelquefois avec moi l’air contraint et mécontent que je ne m’explique pas parce que je sais que je ne le mérite pas. Je t’aime comme jamais homme n’a été aimé avant toi et ne le sera après toi. C’est une justice que tout le monde, excepté toi, peut-être, me rend. Le peu d’intelligence que j’ai et le reste de force que l’âge m’a laissé, je les consacre à ton service. Que puis-je faire de mieux et de plus ? Il ne dépend pas de moi d’être indifférente à tes brusqueries inexpliquées surtout quand je les compare à tes habitudes de patience et de sollicitude pour tout ce qui t’entoure. Aussi ai-je été tristement surprise tout à l’heure quand tu t’es irrité d’une inflexion de voix dont je n’ai pas eu même conscience. Tu as eu, il est vrai, comme toujours, la bonté de ne pas insister sur ce malentendu… de ton oreille et je t’en remercie de tout mon cœur. De mon côté je tâcherai de surveiller un peu mieux mes intonations tout en laissant toute liberté à mon amour.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 16
Transcription de Guy Rosa

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