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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 27a octobre [1861], dimanche matin

Bonjour, mon cher adoré petit homme, bonjour avec tous mes yeux, avec tout mon cœur et avec toute mon âme, bonjour. Je regarde ta fenêtre qui n’est pas encore ouverte. J’espère que cela ne prouve rien contre l’excellence de ta nuit. Quant à moi, j’ai très peu dormi mais je me porte bien, ce qui est l’essentiel. Je désirerais avoir encore plus de santé, plus de force et plus d’yeux surtout, pour avancer plus vite dans mon cher travail. J’ai pourtant la conscience de faire tout ce que je peux, mais tous mes efforts aboutissent à si peu de résultat que tu es obligé de demander des renforts partout. Cette pensée m’attriste au fond plus que je n’ose te le montrer car je sais combien je te deviens inutile et je sens le temps très prochain où je ne serai plus qu’une charge de la pire espèce. Quand ce moment arrivera, et ce sera bientôt, qu’est-ce que tu feras de moi, mon pauvre adoré ? Je ne te demande pas de répondre à cette question intérieure avant le temps venu. Jusque là, mon pauvre petit homme, je tâche de me faire encore un peu illusion sur mon peu d’utilité en ce monde et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 136
Transcription de Florence Naugrette

a) « 28 » a été corrigé d’une autre main.

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