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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 22 septembre 1854, vendredi matin, 8 h.

Bonjour, mon pauvre éclopéa, bonjour, comment as-tu passé la nuit, mon pauvre cher petit homme ? dans quel état est ta blessure ce matin ? qui me le dira ? Il est probable que tu ne pourras pas marcher jusqu’ici et moi-même je n’ose pas le désirer dans la crainte d’être complice tacitement d’une imprudence qui aurait pour conséquence d’aggraverb ton mal et de retarder sa guérison. Mais dans mon for intérieur je ne peux pas m’empêcher d’être bien triste de la pensée d’être peut-être plusieurs jours sans te voir et sans savoir de tes chères nouvelles puisque nous ne sommes convenus d’aucun moyen de communication en nous quittant hier. J’avais songé à t’envoyer le père Durand mais on m’a dit chez Guay hier qu’il était très souffrant. Si je ne te voyais pas aujourd’hui, mon pauvre blessé, je prierais Guay d’aller savoir de tes nouvelles, il me semble que cela ne peut pas paraître étrange chez toi puisque cet accident a eu lieu en public et à ciel ouvert. En attendant je contiens toutes mes inquiétudes le plus que je peux et je prie Dieu qu’il te permette de venir jusqu’à moi tantôt sans augmenter ton bobo. Et puis je t’aime, mon pauvre adoré comme jamais homme n’a été aimé avant toi et ne le sera jamais après. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Pense à moi, soigne-toi, aime-moi et ne fais pas d’imprudence. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 313-314
Transcription de Chantal Brière

a) « écloppé ».
b) « agraver ».

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