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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 juin 1877

Paris, 12 juin [18]77, mardi matin, 9 h.

Cher bien-aimé, qui paie ses dettes s’enrichit, dit le proverbe, c’est pourquoi je m’enrichis moi-même ce matin d’une double restitus qui s’ajoute à tous les trésors de tendresse que j’accumule dans mon cœur depuis le premier baiser que je t’ai donné jusqu’à celui que je te donnerai tout à l’heure.
Je regrette que ma santé, assez maussade depuis quelque temps, ne me permette plus d’assister jusqu’à la fin de tes longues soirées. Je prévois même, hélas ! que je ne pourrai bientôt plus m’asseoir à ta table. Il faut que j’en prenne mon parti avec courage, non pour prolonger ma vie de quelques jours de plus, ce qui n’en vaut guère la peine pour personne ni pour moi, mais par impossibilité de prendre part à la vie active qui afflue jusqu’à déborder de toi, par toi, pour toi et autour de toi. Je suis arrivée au paroxysme de la fatigue physique et morale. Je n’ai plus de vivant en moi que le cœur qui t’est tout dévoué. Je te le donne jusqu’au dernier battement et je te bénis.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 157
Transcription de Guy Rosa

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