Paris, 16 juillet [18]77, lundi matin, 10 h.
Bonjour, mon tout adoré. Bonjour, sois béni autant que tu es grand et bon. Le temps, assez triste ce matin, devient plus aimable et je pense que rien ne s’opposera à notre petite gaîté ce soir. On n’a pas trouvé ni Ritt ni Larochelle hier [1], ces deux messieurs ne viennent jamais au théâtre le dimanche. Je pense qu’ils enverront les glaces tantôt. Quant à la mère Morvan, elle ne s’en ira que lundi prochain. C’est à peu près les seules nouvelles que j’aie à te donner ce matin. Reste à savoir plus tard si le groupe de là-haut sera de notre partie. J’espère que oui. Je voudrais bien aussi pouvoir achever la table de ta malle d’ici à ce soir, ce qui se pourra facilement en restant à la maison toute la journée. Je vais m’arranger pour cela. Je le répète, mon pauvre piocheur, tu devrais tâcher de prendre sur toi de regarder au moins, sinon d’y répondre, les lettres que je t’ai mises de côté depuis quatre jours. Il est bon que tu saches un peu ce qu’on t’écrit. Moi, je ne peux que t’en faire une scie et t’aimer à outrance, comme je le fais.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 191
Transcription de Guy Rosa