3 mai [1838], jeudi matin, 11 h. ¾
Bonjour cher petit traître. C’était donc pour me faire prendre patience que vous m’avez donnéa ce petit bout de bonheur en me promettant pour ce matin monts et merveilles ? Fi ! C’est lâche ! C’est égal c’était toujours bien bon et à l’heure qu’il est je m’en lèche encore les barbes.
J’ai toujours mon mal de tête et je l’aurai bien encore plus fort quand j’aurai peint mes deux cheminées mais je n’en démordrai pas, je veux exercer mon talent en peinture et je n’ai que cette occasion pour vous prouver que je ne suis pas au dessous de vous dans cet art. J’ai cherché et trouvé la lettre de M. [Gleize ?]. C’est vous dire que je suis levée et que je vous écris debout. Irons-nous acheter les peignes aujourd’hui ? Oh ! Non je suis libre et toute à votre disposition, c’est une raison pour que vous n’y soyez pas vous, vilain bonhomme. Vous êtes bien heureux que je vous aime. Oui je vous aime malgré vous et pour vous faire enrager. Je vous adore c’est bien fait. Jour To. Jour mon petit o. Faites-moi faire mon meuble tout de suite il est si gentil voilà déjà trois ou quatre fois que je le regarde en vous écrivant je le trouve ravissant, je voudrais qu’il fût fait. Et je vous adore.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16334, f. 106-107
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette
a) « donnez ».