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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 février [1838], mardi matin, 11 h. ¼

Bonjour, toi que j’aime de toutes mes forces. Comment vont tes chers yeux ? Comment va toute ta chère petite personne adorée ? Merci mille fois, mon Toto, ou plutôta amour à toi, mon Victor chéri qui m’a donné une si bonne soirée hier. Amour à toi, mon bon ange qui est ma joie et mon bonheur. Je vais ne penser qu’à toi, mon adoré, afinb que s’il y a sympathie et magnétisme, ta pensée se tourne vers moi du milieu de tes occupations ; et puis je veux encore que tu fermesc tes yeux quand une femme quelconque passera devant eux parce que rien ne fatigue davantage les doux et beaux yeux, comme les vôtres, que la vue d’une femme. Je veux aussi que vous vous bouchiez les oreilles à tous les compliments, à toutes les douceurs et à toutes les admirations des femelles qui rôdent autour de vous. J’ai mes raisons pour cela, c’est que ce qui entre dedans ces chères petites oreilles sous la forme de bonnes grâces et d’hommages, ressort pour moi sous la forme de séduction et de trahison. J’ai donc le droit de vous prier de ne pas me causer de si cruelles inquiétudes et de si inutiles chagrins. Vous m’avez dit une bien vilaine chose hier sur Mlle ANAÏS, et que j’ai encore sur le cœur. Pourtant ce n’était qu’un jeu, n’est-ce pas mon amour ? Ehd bien ce jeu-là m’a laissé une meurtrissure à l’âme, et que beaucoup d’amour de toi pourra seul dissiper. En attendant, je t’aime comme si je ne souffrais pas et je te désire comme mon bonheur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 109-110
Transcription de Marie Rouat assistée de Gérard Pouchain

a) « plus tôt ».
b) « à fin ».
c) « ferme ».
d) « et ».


27 février [1838], mardia soir, 7 h. ½

Il me semble, mon adoré, que pour une femme qui ne verra pas Angelo ce soir, je n’ai pas été trop grognon ? C’est que de vous voir me rend si heureuse que j’oublie tous les griefs que j’ai contre vous. C’est bien vrai, mon adoré petit homme. J’aurais été cependant bien heureuse d’entendre ANGELO ce soir. Que le diable emporte le Vedel. Aussi c’est sa faute [1]. J’avais si bien compté sur mon ANGELO pour mon MARDI-GRAS que j’ai un fameux NEZ DE CARTON à l’heure qu’il est et qui ne me sert de rien puisque je ne vais au bal que cette nuit. Voime, voime, je vais au bal avec une pipe et du bon rouge. Jour Toto. Je te connais. Ohé ! LES VOLEUSES !... vous m’avez raconté une jolie petite anecdote sur LAFAYETTEb dont je vais faire mes choux gras. Et puis je vous aime, mon Toto, voilà qui est bien sûr. Jour. Tâchez de venir un peu tôt ce soir, sans cela il y aura pas de bonheur pour la pauvre Juju le jour où tout le monde s’amuse. Je vais bien vous désirer, bien penser à vous et bien vous aimer pour vous faire venir plus vite.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 111-112
Transcription de Marie Rouat assistée de Gérard Pouchain

a) « lundi », corrigé en « mardi » d’une main impossible à identifier.
b) « Lafaillette ».

Notes

[1Angelo tyran de Padoue ne sera repris à la Comédie-Française que le 25 mars (remerciements à Jacqueline Razgonnikov pour cette information).

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