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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 octobre [1846], jeudi matin, 9 h.

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour mon adoré petit Toto, bonjour comment vas-tu ce matin ? À quelle heure t’es-tu couché cette nuit, mon pauvre petit homme ? Bien tard probablement. Quant à moi, tu sais dans quelle disposition tu m’as quittée aussi j’ai dormi comme un sabot jusqu’à 9 h. du matin. Juste à l’heure où tu te couchais, probablement, mon pauvre bien-aimé. J’y ai bien pensé va et je t’ai envoyé un tas de baisers pour réchauffer tes chers petits pieds et te faire un oreiller rempli de doux rêves. Ai-je bien réussi ? As-tu eu bien chaud ? As-tu bien dormi et as-tu vu beaucoup de reverchonne passer dans tes songes ? Vous me direz cela tantôt, mon cher petit scélérat, et vous me direz au juste l’heure et le lieu de notre rendez-vous. Je ne veux pas aller trop souvent chez ces braves Rivière parce que cela les dérange toujours un peu. Je veux me partager et faire jouir la délicieuse Mlle Féau de mon auguste présence de temps en temps. Je crois que j’ai raison ? Baisez-moi monstre si vous l’osez.

Juliette

MVH, α 7806
Transcription de Nicole Savy


29 octobre [1846], jeudi soir, 10 h. ½

Je suis revenue à l’heure dite, mon petit bien-aimé, depuis j’ai fait mes petits triquemaques ordinaires et je t’écris en t’attendant. Si j’avais pu prévoir que tu reviendrais me chercher, j’aurais dîné tout de suite, et mes côtelettesa n’auraient pas brûlé en charbon. Voilà ce que c’est de n’avoir pas bon nez. Une autre fois je prendrai mes précautions absolument comme les gens qui ferment leur cage quand leur moineaub est envolé. Moi c’est l’occasion d’être une minute avec toi qui s’est envolée ce soir et qui ne reviendra peut-être pas de sitôt. C’est égal, c’est bien doux de se promener appuyée sur ton cher petit bras. Je ferais des lieues ainsi sans m’en apercevoir tant le bonheur d’être avec toi me rend légère et joyeuse. Ce soir j’aurais voulu ne pas rentrer si tôt, mais je te voyais si préoccupéc et si pensif que je n’ai pas osé te demander de prolonger notre promenade. Si j’avais pu prévoir que vous feriez le paresseux je ne me serais pas gênée, je vous prie de le croire. Cher adoré je ris mais au fond j’ai une affreuse pensée grise qui me tourmente on ne peut pas plus, celle de ton voyage à Orléans. J’espère encore que ce hideux Paul [1] ne se refusera pas à conduire sa sœur et que j’en serai quitte pour une vilaine peur. Je le désire sans y compter beaucoup, connaissant [une ligne illisible à la pliure de la lettre] Je serais sûre que tu ne ferais pas ce vilain voyage.

Juliette

MVH, α 7807
Transcription de Nicole Savy

a) « cotellettes ».
b) « moigneau ».
c) « préocupé ».

Notes

[1À élucider. On ne voit pas que Juliette applique cet adjectif à Paul Foucher ou à Paul Meurice, deux intimes de Victor Hugo.

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