Paris, 20 février 1880, vendredi matin, 8 h.
Heureusement pour moi, mon grand bien-aimé, que ta bonne nuit rabiboche ma mauvaise, qui sans cela aurait été une des pires et des plus toussantes [1] que j’aie passéesa depuis bien longtemps. Je compte sur ta bonne promesse de dîner avec nous aujourd’hui et peut-être, bonheur complet, de faire tout de suite après une bonne promenade de deux heures. Toutes ces espérances me ravigotent, et me font reprendre cœur à la vie qui ne demande qu’à s’en aller. Ce soir nous avons encore tablée complète, deux Sée, Anatole de la Forge, Berthelot, Philippe Jourde et nous six. Je prévois encore bien des ennuis pour moi à cause de la dépense à laquelle s’ajoutentb les faux frais de toutes sortes : hier dix francs pour toi et pour moi au pédicure, la bougie dix-huit francs 30 c., etc. etc. Tout cela m’agite et me tourmente extrêmement. Mais cela ne m’empêche pas de t’aimer et de te bénir.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 53
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « que j’aie passé ».
b) « s’ajoute ».