Bruxelles, mardi 30 août [18]70, 2 h. ¾ après-midi
Je rentre, mon cher adoré, de chez les Berru où j’étais allée dans l’espoir de dissiper un affreux mal de tête qui m’empêchait même de lire. Je reviens à peu près au même point où j’en étais quand je m’y suis rendue. Mais j’ai fait mon devoir, c’est tout ce que je peux faire de mieux. Le reste ne me regarde pas, comme disait ce pauvre Kesler. J’ai rencontré chez ces dames Mesdames Charles [1] et Asseline. Seulement elles ne m’ont pas dit qu’elles ne dînaient pas ici ce soir, ce qui m’oblige à décommander tout de suite leurs couverts. Ah ! te voilà… Justement cela ne m’empêchera pas de continuer mon gribouillis comme si de rien n’était. J’écrirai tout à l’heure à la jeune Henriette. J’ajouterai même un mot aimable pour Mme Chenay malgré son inattention envers moi dans tout ce qu’elle t’écrit, mais peu importe. À l’instar de Marquand, il suffit qu’elle soit bonne pour toi en ce moment-ci pour que je me croie son obligée. Je t’adore.
Collection particulière
Transcription de Jean-Marc Gomis