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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 juillet [1842], dimanche matin, 11 h. ¼

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon adoré petit homme. Comment va ta gorge, comment vont tes mains, comment va notre cher petit enfant [1] ? Je te conseille de ne pas boire trop sucré et de ne pas manger tant de gomme à la fois, mon pauvre amour, parce que c’est très échauffant. Il vaudrait mieux prendre du sirop de framboise avec un peu de gomme, cela t’adoucirait la poitrine et cela rafraîchiraita ta chère petite gorge. Je suis fâchée de ne t’avoir pas dit cela hier au soir en te quittant parce que tu en aurais peut-être pris ce matin et que cela t’aurait fait grand bien. Dépêche-toi de venir mon adoré et je t’en ferai acheter, tu verras comme ça sera bon et comme ça te guérira tout de suite COMME AVEC LA MAIN. Baise-moi mon cher amour, ne sois pas triste, ne sois pas malade mais aime-moi et sois bien heureux, ce sera mon bonheur, ma joie et ma vie. Il fait encore bien froid ce matin, prends garde au courant d’air, mon Toto chéri. Jour Toto, jour mon cher petit o, tâchez que je vous voie le jour de la fameuse cérémonie, tâchez de m’avoir un billet pour être dans l’église. Je mettrai ma robe noire au risque d’étouffer mais au moins je serai avec vous. Je vous verrai, je serai sûre qu’il ne vous arrive rien et que vous ne faites pas les yeux doux aux faumes.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 309-310
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « raffraîchirait ».


31 juillet [1842], dimanche après-midi, 1 h. ¼

Je voudrais bien savoir comment tu vas, mon petit homme chéri. Si tu sors pour travailler, je te prie de passer chez moi pour me tranquilliser et pour me donner un peu de joie à étendre sur toute ma pauvre journée qui sera bien chesse si tu ne viens pas.
Le perruquier est enfin venu tout à l’heure. Il m’a avoué qu’il était allé hier avec sa famille voir le cortège du duc d’Orléans. On n’est pas plus naïf et plus sans-gêne que ce POISSON-là [2]. Enfin comme les ducs d’Orléans ne se tueront pas tous les jours pour le plaisir des merlans de la CAPITALE, j’ai pris mon mal en patience pour cette fois-ci, mais je voudrais vous voir mon Toto. J’ai le plus grand besoin de vous voir. Dépêchez-vous donc de venir et si vous avez encore mal à la gorge je vous ferai une bonne petite boisson adoucissante et rafraîchissantea. Et puis si vous êtes un bon petit Toto ravissant, comme je le désire et comme je l’espère, vous prendrez vos cliques et vos claques dès que vous aurez lu ce gribouillis pour revenir passer le reste de la nuit auprès de moi. D’ici là venez bien vite que je vous baise sur toutes vos chères petites coutures. Vous êtes mon Toto bien-aimé. Le temps s’est bien adoucib depuis tantôt, le soleil est bien bon pour un pauvre petit podagre comme vous. Profitez-en bien vite en venant me voir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 311-312
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « raffraîchissante ».
b) « adoucit ».

Notes

[1François-Victor Hugo est convalescent.

[2Juliette Drouet utilise souvent l’image argotique du « merlan » pour designer son coiffeur.

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