Guernesey, 17 avril 1859, dimanche, 7 h. du m[atin]
Bonjour, mon pauvre adoré bien-aimé ; bonjour, mon pauvre doux souffrant ; bonjour avec toutes les tendresses de mon cœur et de mon âme comme baumea et comme dictame. Comment vas-tu ce matin, mon cher petit malade ? As-tu un peu bien dormi cette nuit ? As-tu pris hier un good bain de piedsb ? Je t’ai vu bien longtemps aller et venir dans ton lucoot, attendant probablement que ton bain fûtc prêtd. Car tu n’aurais pas fait l’imprudence d’en perdre le bénéfice en ne te couchant pas tout de suite bien chaudement après l’avoir pris. J’espère que tout see sera passé à souhait et que ton bassin perfectionné se sera bien conduit ou plutôt aura été un bon CONDUCTEUR d’eau bouillante. J’espère que tu m’apporteras toi-même ce matin la bonne et joyeuse nouvelle de ta guérison. Déjà hier au soir on voyait que tu allais mieux à ton regard et à ta parole. Encore un peu de repos et un peu de régime et il n’y paraîtra plus… jusqu’à la première imprudence, hélas ! Mon bien-aimé, mon bien-aimé, aie pitié de toi et de moi, je t’en prie, je t’en supplie.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 101
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « beaume ».
b) « pied ».
c) « fut ».
d) « près ».
e) « ce ».