2 juillet [1844], mardi matin, 9 h. ¾
Bonjour, mon Toto bien aimé, bonjour, mon adoré, bonjour, toi, bonjour, vous, bonjour, le bien-aimé de Juju. Comment vas-tu ce matin ? Quand te verrai-je ? Je m’en veux comme un chien d’être toujours si endormie quand tu viens mais cela ne m’avance pas à grand-chose. Il vaudrait mieux que je prisse tous les soirs une tasse de café à l’eau. Je ne te demande pas de venir plus tôt puisque cela ne se peut pas, mais je voudrais ne pas dormir comme une marmotte quand tu viens.
J’espère que l’indisposition de chez toi n’aura pas eu de suite, je le désire de tout mon cœur. Si tu vas à l’Académie aujourd’hui, tu serais bien gentil de passer un moment chez moi pour me dire comment tu vas et pour te laisser embrasser un peu partout. En même temps on te mettraita des boutons à tes gants et tu baignerais tes pauvres beaux yeux. Tâche d’y penser et de venir, mon petit Toto chéri, je serai bien contente. Je voudrais bien que cette affaire de banquier soit terminée. Cela m’intéresse encore plus que toi parce que j’ai ma copie sur laquelle je compte pour me dédommager de mon voyage [1]… Hélas ! Qu’est-ce qui pourrait me dédommager de ce bonheur-là ? Un livre de toi c’est bien beau mais ton doux sourire vaut encore mieux.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16355, f. 219-220
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette
a) « mettrais ».