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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 janvier [1837], lundi après midi 1 h. ¾

Jour, mon petit homme chéri. Je vous n’aime quoique vous ne soyez qu’à moitié aimable. J’ai rêvé de vous toute la nuit et cependant j’ai dormi comme un vieux loir, vous voyez bien que de marcher me fait beaucoup de bien. Il est encore un autre genre d’exercice qui conviendrait beaucoup à mon état mais celui-là vous vous y opposez tout à fait.
Vous n’aviez pas d’argent à aller chercher ce matin ? Et cependant........ c’est très bien. L’année 1837 ne promet pas monts et merveilles, à moins qu’il ne survienne de grands changements dans notre petite sphère. C’est égal, je vous aime. Il est vrai que l’économie que vous mettez dans la consommation de mon amour fait qu’il y en a toujours ample provisiona.
C’est aujourd’hui que Manière doit nous apporter le résultat de sa négociation, il faut que je me lève tout de suite pour le recevoir.
Il y a une fumée si épaisse dans ma chambre que j’étouffe, charmante servarde, va, que le diable t’emporte.
Je voudrais bien que nous allassions chez Claire. On dit que la grippe et la fièvre scarlatine règnentb dans le quartier Saint-Jacques et dans plusieurs pensionnats, ce qui m’inquiète beaucoup. Si tu viens assez tôt et que tu aies le temps, je te prierai de m’y mener. Et puis je t’aime, je t’aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 113-114
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « provisition ».
b) « règne ».


30 janvier [1837], lundi soir, 4 h. ¾

Manière qui devait venir aujourd’hui n’est pas venu. J’ai reçu une lettre par la poste que je suppose venir de la pension de ma fille et quoique je sois dans une sorte d’inquiétude sur sa santé, je ne me permettrai pas de l’ouvrir car qui peut prévoir les conséquences que cela pourrait avoir hélas ! hélas ! et trois fois hélas ! Qu’allai-je faire dans cette maudite galère ? [1] Mieux aurait valu pour moi me casser les deux jambes. Mais enfin, ce qui est fait est fait. Dieu est grand, et la patience d’une pauvre femme comme moi n’est pas éternelle.
Je désire beaucoup que tu ne tardes pas à venir. J’ai hâte de savoir des nouvelles de cet enfant dans un moment ou la grippe et la fièvre mettent leurs griffes [illis.] sur les grands et les petits enfants.a
Voici venir la nuit noire, il est temps que je finisse ma lettre pour peu que je tienne à faire autre chose que des gribouillis sans forme et sans signification.
À bientôt donc, si ton travail ou autre chose te permettent de venir avant ton dîner.
Dans tous les cas je t’attends avec résignation

31 janvier [1837], mardi après-midi, 2 h. ¾

Et avec amour car tu es et seras toujours mon bien aimé adoré Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 115-116
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « enfans » (Orthographe d’époque).

Notes

[1Citation des Fourberies de Scapin de Molière.

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