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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 janvier [1837], mercredi matin, 11 h.

Bonjour, mon cher petit homme chéri, comment vas-tu ce matin, as-tu un peu dormi au moins ? J’étais tourmentée cette nuit de savoir que tu errais dans des endroits si peu fréquentés et à des heures plus que indues.
J’ai peu dormi, comme à mon ordinaire, c’est toujours le même refrain, aussi quand je me lève, je suis plus fatiguée que si je ne m’étais pas couchée du tout.
C’est aujourd’hui que le Manière doit venir, je doute fort qu’il soit exact au rendez-vous. Cependant nous avons bien besoin de lui parler. Je ne sais pourquoi je flaire le créancier.
Je vous aime mon Toto. Cela vous est-il bien égal ? Je vous adore mon bien-aimé, cela vous est-il bien désagréable ? Je voudrais bien vous voir, je voudrais bien promener un peu avec vous. Voilà neuf jours que je n’ai mis le pied dans la rue, je voudrais encore faire L’AUTRE CHOSE AVEC VOUS mais vous ne le voudrez pas. En fin je suis très malheureuse de vous aimer autant puisque vous n’y répondez pas.
En attendant que je vous voie je vais prendre mon bain, ce qui ne m’empêchera pas de penser à vous et de vous aimer de toute mon âme.

J.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 95-96
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette


25 janvier [1837], mercredi, 5 h. ¼

Mon bon petit méchant homme, pourquoi n’êtes vous pas venu ? Est-ce que vous croyez qu’une pauvre femme comme moi puisse longtemps vivre sans air et sans amour, dites ? J’ai pris un bain mais tout cela ne m’ôte pas mon mal de tête quotidien et la fièvre d’amour qui me brûle. J’ai vu Manière je te raconterai en détail toute notre conversation. J’ai un peu moins mal aux reins mais en revanche j’ai un mal de tête pommé [1].
J’aurais vraiment besoin de faire un peu d’exercice. Voilà neuf jours entiers que je n’ai pris l’air. C’est pour en mourir. Je sais bien que tu travailles mon cher adoré, mais est-ce qu’il ne te serait pas possible de me prendre sous ton bras à la place de ton parapluie ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 97-98
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Pommé (argot) : exorbitant, excessif, ou « réussi à souhait ».

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