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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16324, f. 180-181

Jeudi soir, 11 h. moins 10 m.

Je te tiens parole, mon cher bien-aimé, je ne suis pas en colère, mais je suis bien triste car je n’ose plus compter sur rien pour aujourd’hui. J’avais espéré que la nécessité d’aller au théâtre me donnerait l’occasion de te voir un peu ce soir. Mais voici l’heure du spectacle écoulée, comme s’est écoulée la journée : sans toi. Maintenant, je vois avec regret s’en aller chacune des minutes qui compose la dernière heure d’aujourd’hui parce qu’après elle, plus d’espoir. Je ne sais plus quand je te verrai. J’ai le cœur bien gros ; j’ai beau me raisonner, je n’en suis que plus triste et plus impatiente de te voir. L’amour comme je le sens ne se paie pas des raisons que je lui donne. Il n’entend qu’une chose, c’est de te voir. Il ne désire qu’une chose, te voir. Il ne veut qu’une chose, te voir. De quelque côté que je me retourne, je ne pense qu’à toi, je ne m’occupe que de toi. Je voudrais savoir ce que tu as fait toute la journée, si c’est ton travail qui t’a retenu ce soir. J’ai beau faire, il se glisse toujours un sentiment vague d’inquiétude dans cette longue attente et cette inquiétude si petite qu’elle soit suffit à me tourmenter beaucoup. Oh ! je voudrais bien te voir, ne fût-ce qu’un instant, il me semble que j’auraisa plus de courage pour passer la nuit. Je t’aime tant et tant, mon Toto, que lorsque je suis d’une minute en retard pour te le dire, j’ai un débordement d’amour dont je ne sais que faire et qui m’étouffe. Mon amour, mon Toto, est-ce que tu ne viendras pas ? Tu m’avais bien promis pourtant de venir au moins tous les soirs.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16324, f. 180-181
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « j’aurai ».

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