Lundi après midi, 4 h.
Mon pauvre cher bien-aimé, voilà bien longtemps que nous ne nous sommes vus de près. Je suis vraiment bien consternée de cette bête de barrière qui se met entre nous depuis près de cinq mois sans presque pas de répit. Je voudrais bien que tu consultassesa M. Louis. En même temps, tu parlerais pour ce pauvre Lanvin. Sa femme vient de repartir après avoir été reprendre le livre [1]. Elle m’a en outre donnéb tous les renseignements sur la position de son mari. De mon côté, je lui ai remis les 5 francs de ta part. Elle en a paru bien reconnaissante.
Pauvre bijou, nous n’avions pas besoin de cette nouvelle misère pour vider le fond de notre bourse. Mais que veux-tu, nous avons trop besoin des services de ces gens-là pour ne pas faire des sacrifices à leur position. J’oubliais de te dire que je lui avais parlé de M. P…… [2] et de ma fille. Je l’ai engagéec à l’aller voir. Je te raconterai tout cela plus en détailsd tout à l’heure.
Je viens d’envoyer la bonne chez le petit bijoutier. Toutes ces affaires-là m’ont prise toute ma place. Il n’en reste pas assez pour tout l’amour que j’ai à te donner. Mon cher petit Toto, mon bijou, mon amour, ma vie, je t’aime, je t’adore, je te baise, je te mange, je te mords avec accompagnement de la fameuse grimace.
Juju
BnF, Mss, NAF 16324, f. 134-135
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « consultasse ».
b) « donnée ».
c) « engagé ».
d) « détail ».
e) « mon prises ».