Paris, mardi 20 nov[embre 18]77, midi
Je crains, mon cher bien-aimé, dans le cas où tu irais au Sénat tout à l’heure de ne pouvoir pas t’y accompagner tant je suis patraque ce matin. Puis j’ai mon vilain plastron [1], supportable jusqu’à présent, mais qui peut augmenter ; il en a la mauvaise habitude au point de me rendre la vie impossible. Cela étant, je crois que la prudence exige que je reste chez moi sans bouger afin de pouvoir donner ma part de bravos, d’admiration et d’enthousiasme au nouveau triomphe d’Hernani demain soir. Et à ce sujet, mon grand adoré, je ne sais pas comment tu feras pour contenter tous les solliciteurs de places depuis Lemerre, ton éditeur, jusqu’à Mmes Benderitter et à Sara Lafizelière (ta petite amie) sic. Jusqu’à présent Paul Meurice ne m’a pas encore envoyé ma fameuse baignoire déjà envahie par les deux Koch, les deux Allix [2], le docteur Daumas et nous. Pour peu que cela continue, il faudrait prendre le champ de Mars pour cette représentation de gala et encore on n’arriverait pas à satisfaire tous les curieux, tous les amis, et toutes les AMIES qui ne sont pas les moins nombreuses.
Il me semble que tu ne te disposes pas à aller à Versailles aujourd’hui ? Tant mieux, j’en resterai plus près de toi. Je t’adore, sois béni.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 316
Transcription de Guy Rosa