Guernesey, 14 mars 1859, lundi, 9 h.
Bonjour, mon ineffable bien-aimé. Bonjour avec tous les baisers de mon cœur et toutes les bénédictions de mon âme. Bonjour, je t’admire, je t’aime, je t’adore…
Je viens de lire la petite merveille que tu m’as donnéea à copier hier et j’en ai les yeux, l’esprit et le cœur tousb remplisc comme si j’assistais réellement à cette scène d’intérieur si grandiose, si majestueuse et si sublime dans sa simplicité. Je me retiens dans l’épanchement de mon admiration, mon grand bien-aimé, de peur de te paraître ridicule, mais si je pouvais traduire ce que je sens en lisant ta divine poésie, tu verrais que je la comprends dans toute sa splendeur.
Cher adoré, j’ai baisé avec des larmes d’attendrissement, d’amour et de reconnaissance, la date que tu as mise au bas de ton manuscrit entre une si douce parenthèse [1]. Je ne m’attendais pas à retrouver là cette date écrite en lettres de feu dans mon âme, aussi ma surprise a été bien grande et mon bonheur encore plus. Merci, mon bien-aimé. Tout ce que j’ai de joie et de bonheur en ce monde, je te le dois. Tout ce que j’espère, tout ce que je désire dans l’autre, c’est toi et nos deux anges qui font partied de nos deux âmes. Sois bénis éternellement, mon bien-aimé, pour tout l’amour que je te dois et que je te donne.
BnF, Mss, NAF 16380, f. 68
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « donné ».
b) « tout ».
c) « rempli ».
d) « partis ».