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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 12 février 1859, samedi, 9 h. ½ du m[atin]

Bonjour, mon cher bien-aimé ; bonjour, avec tout ce que tu peux souhaiter en ce monde. Je me suis aperçuea hier, quand tu as été parti, que tu n’avais pas vu dans un coin, caché par l’ombre de la bougie, deux feuilles manuscrites de ton travail de la journée. Je crains que cela ne t’ait préoccupéb pendant la nuit et peut-être même forcé à recommencer cette chose que tu croyais écrite. Malheureusement, je ne pouvais pas courir après toi ni te le faire savoir d’aucune manière. J’ai remis religieusement les deux feuilles en dessus des autres dans ton buvard, c’est tout ce que je pouvais faire. Du reste, mon pauvre adoré, je crains bien d’être une cause incessante de fatigue et d’ennui pour toi. Toute ta bonté et toute ta patience ne suffisent plus à cacher l’agacement que je te cause chaque fois que je te parle ou que je m’approche de toi. Ce n’est ni ta faute ni la mienne, je nous rends cette justice à tous les deux. Mais est-ce une raison pour nous imposer à l’un et à l’autre ce supplice humiliant de tous les instants ? Je ne le crois pas quant à moi et je préférerais tous les déchirements et toutes les tortures d’une séparation à la lente souffrance de la lassitude et du dégoût.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 40
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « aperçu ».
b) « préocupé ».

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