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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 janvier [1837], lundi, midi ½

Mon bon petit Toto chéri, mon cher petit homme adoré je vous aime de toute mon âme. J’ai encore rêvéa de vous toute la nuit mais cette fois je me suis contenue dans les bornes d’une sage admiration. Je t’aime mon cher bien aimé c’est bien vrai et tu dois en être bien convaincu quand tu vois la joie qui accueille les courts instants que tu peux me donner. Hier, par exemple, eh ! bien, j’étais la plus rayonnante et la plus heureuse femme du monde, quand quelques instants avant que tu vinsses j’en étais la plus triste et la plus découragée. C’est que je t’aime. Oh oui je t’aime de toutes mes forces. Jour Toto. J’ai encore mal à la tête. C’est absurde mais enfin il paraît que je n’y peux rien, tant pis pour moi. Jour Toto chéri : si tu as un petit moment à me donner dans la journée, apporte le moi bien vite, tu me combleras de joie et de bonheur. En attendant je ne penserai qu’à toi, je n’aimerai que toi, et je ne voudrai que toi. Penses donc si tu peux apporter le paquet du Lanvin. Elle doit venir un de ces jours, je serais bien aise que ce ne soit pas inutilement. Que je t’aime donc mon Dieu. A toi mes baisers, à toi mes caresses, à toi ma vie, à toi mes pensées, à toi mon amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 35-36
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « rêvée ».


9 janvier [1837], lundi soir, 9 h. ¼

Que vous étiez donc joli mon beau garçon, et n’était cet espèce de [tir ballon  ?] que vous avez tout à coup [illis.] vous auriez été le plus adorable et le plus adoré des hommes. Mme Lanvin qui sort de chez moi à présent pense tout à fait comme moi à votre sujet. Il est probable que c’est ce soir que vous vous livrez au plaisir de la table. Je vous prie de m’apporter une bribe du festin pour qu’il soit dit que j’assistais au moins en pensée à cette frairie. Quant à nous mon cher petit homme, nous avons mangé le diner le plus [pataud  ?]et le plus bête qu’il soit possible de trouver dans le plus pauvre ménage aussi pour donner un parfum d’extra et un petit air de cérémonie j’ai ajouté une ORANGE. O RANGE toi un peu que je me voie passer en carrosse sur la grande route des nuages. Voilà ce que vous me direz le jour de votre ascension pittoresque et loustic. Mais moi je donnerai un coup de mon canif dans votre char à ban et force vous sera de rester sur la terre et sur l’onde avec moi. En attendant mon petit Toto chéri, je vous aime de tout mon cœur et je vous désire de toutes mes forces. Je vous baise sinon en actions du moins en pensées et en désir. A bientôt mon Toto. NE M’OUBLIEZ PAS. Que ce ne soit pas comme si je chantais.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 37-38
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

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