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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16323, f. 147-148

Mardi matin, 10 h. ¼
[Après le 18 mars 1835]

Bonjour, mon cher petit homme, comment te trouves-tu ce matin ? As-tu bien reposé cette nuit ? Tes pauvres yeux sont-ils un peu moins malades aujourd’hui ? Je voudrais te voir pour m’assurer par moi-même de l’état de ta chère petite personne. Et puis j’ai tant de bonnes choses de toutes sortes à te dire, j’en ai tant amasséesa pendant la nuit que si tu ne viens pas bien vite en prendre un peu, je ne serai plus assez grande pour contenir tant de tendresse et d’amour.
J’ai une bête de commission à te faire. Elle me paraît si incroyable que je soupçonne la portière de faire l’officieuse aux dépens de notre position, en supposant des faits absurdes et impossibles. Au reste, tu en jugeras toi-même et tu me rendras la justice que je fais rigoureusement et religieusement tout ce dont nous sommes convenus et que rien de ce qui se passe chez moi ou autour de moi ne t’est caché.
J’ai dans ce moment une pointe de colère mêlée d’un sentiment de dégoût pour de misérables gredins indignes des galères. Il n’est pas possible d’être plus bêtement lâche, d’être d’une plus stupide mauvaise foi, d’une plus impuissante rage, que ne sont ces ignobles têtards appelés vaudevillistes en général, et Dupeuty et Duvert [1] en particulier.
Pendant que je t’ai écrit ces quelques lignes, ma colère s’est dissipée. Je leur sais gré même des efforts qu’ils ont faits pour faire ressortir ton triomphe qui n’avait pas besoin de ça, mais il est convenu que ce qui abonde ne vicie pas.
À ce soir notre Angelo.

BnF, Mss, NAF 16323, f. 147-148
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « amassée ».

Notes

[1MM. Dupeuty et Duvert, vaudevillistes. Leur parodie Cornaro, tyran pas doux, traduction en quatre actes et en vers d’Angelo, tyran de Padoue, est une parodie représentée pour la première fois le 18 mars 1835 au Théâtre du Vaudeville à Paris. Cette lettre a donc vraisemblablement été écrite après le 18 mars 1835.

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