29 octobre 1877

Paris, 29 octobre [18]77, lundi matin, 10 h. ¾

Où en es-tu de ta nuit et de ta matinée, mon grand petit homme ? Moi, j’ai rempli l’une et l’autre jusqu’au bord de sommeil et des mille riens du ménage. Aussi je suis tout à la fois reposée et fatiguée déjà. Tu as un courrier surchargé dont tu ne pourras pas lire la dixième partie quand bien même tu y passerais toute la journée. Cela me fait souvenir de te rappeler d’écrire à Rochefort si tu ne l’as pas encore fait. Je signale aussi à ton attention une lettre de Rome pour la traduc[tion] de l’Histoire d’un crime et une autre d’un officier de l’armée, très bonapartiste mais plein d’admiration et de vénération pour toi – il paraît que dans de certains cerveaux cela peut se concilier –, qui te supplie de revenir au culte du grand Napoléon et de ne pas repousser sa dynastie. Malheureusement la lettre est trop longue pour que tu perdes ton temps à la lire, bien qu’elle soit touchante à force d’adoration pour toi. A ce propos, je serais très contente de voir les illustrations de ton livre dans le [graficque^a]. Tu serais bien gentil de m’autoriser à l’ouvrir car il s’entasse dans ton cabinet sans profit pour personne. Si je t’embête, ne te gêne pas pour m’envoyer promener et je ne t’en aimerai que plus : attrapé !

BnF, Mss, NAF 16398, f. 293
Transcription de Guy Rosa

a) La lecture ne semble pas douteuse. Juliette appelle-t-elle ainsi un portefeuille, un carton ou un meuble où Hugo place gravures et dessins ?