Guernesey, 18 juin [18]70, samedi matin, 6 h.
Bonjour tous les zugos, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, bonjour. Je vous aime. Qu’avez-vous à dire à ça ? Répondez en bon françois si vous pouvez. En attendant faites-moi le plaisir et l’amitié d’avoir passé une very good nuit et d’être tous en pleine santé comme moi-même. Cher adoré, je ris avec toi parce que je suppose que tu as bien dormi, que tu te portes bien et que tu es le plus heureux des pères et des grands pères. D’ailleurs pour ajouter un peu de sérieux à mes trop tendres bébêtises je les saupoudre de ceci de l’or, de l’or, l’or, il faut de l’or. Je doute, le marché fait aujourd’hui qu’il en reste assez dans la caisse de Suzanne pour payer la voiture tantôt. Maintenant que j’ai dit cela ne me regarde plus. Peut-être le temps rendra la promenade impossible ce qui simplifierait la question. D’ici là, je fais tout pour le mieux et je t’aime cœur et âme contents.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 168
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette