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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 juin 1870

Guernesey, 12 juin [18]70, dimanche matin, 6 h.

Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour à petit Georges et à petite Jeanne. J’espère que tu as bien et eux aussi ce qui fait que je me fiche de ma mauvaise nuit. Je ne suis inquiète que de la façon dont se comportera mon pyrosisa [1] tantôt à la promenade car il est dans des dispositions bien hargneuses et bien maussades. Enfin je ferai tout ce que je pourrai pour le dissimuler quitte à en pleurer toute seule chez moi comme je l’ai fait hier quand vous étiez tous partis. Et puis le temps assez grincheux finira peut-être par s’humaniser un peu dans la journée. Tout ce que je peux dire c’est que je suis résolue à faire bonne contenance autant que possible pour ne pas troubler ta joie et celle de tes enfants. C’est déjà beaucoup trop que mon gribouillis soit plein de ma piteuse personnalité. AH ! JE SUIS GAIE, SOYEZ GAIE, JE LE VEUX [2] ! Et surtout je t’aime de toutes les forces de mon cœur et de mon âme.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 163
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

a) « pyrhosis ».

Notes

[1Sensation de brûlure remontant le long de l’œsophage, depuis l’épigastre jusqu’au larynx.

[2Citation de La Belle-Hélène d’Offenbach (1864), que Juliette et Victor ont vue à Bruxelles en 1865.

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