Guernesey, 24 juillet, [18]70, dimanche, 6 h. du m[atin]
Bonjour, mon doux adoré, bonjour, que le bonheur soit avec toi en même temps que mon amour qui ne te quitte jamais. J’espère que tu as passé une bonne nuit ainsi que tes chers petits-enfants [1]. Moi aussi j’ai très bien dormi et mon bobo commence à céder un peu. Dès qu’il fera jour chez mes pauvres servardes, je me gargariserai avec la myrrhea que je n’aime pas mais qui m’aime puisqu’elle me guérit… lentement [2]. Il paraît que M. Asseline va revenir bientôt à Jersey ? Si cela était, il est probable que tes enfants auront la tentation d’y retourner. Dans ce cas là, est-ce que tu ne profiterais pas de l’occasion pour changer d’air, ne fût-ceb qu’une quinzaine de jours, en y allant avec eux ? Pendant ce temps-là nos diverses bonnes pourraient mettre en ordre nos maisons et même se reposer un peu, ce dont elles ont grand besoin les unes et les autres. Je te dis cela, tu en feras ce que tu voudras, comme toujours, car ma raison ainsi que mon cœur acceptent d’avance tout ce qui te convient. On n’est pas plus lâche ni plus heureuse de l’être que moi.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 201
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette
a) « myrhe ».
b) « fusse ».