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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 décembre [1839], dimanche après-midi, 3 h. ½

Je me dépêche tant que je peux, mon adoré, pour pouvoir m’habiller et me coiffer avant la nuit [illis.] dans l’espoir que tu me mèneras à MARION ce soir [1]. Quel guignon, mon Toto, d’être malade juste le jour où j’ai le bonheur de t’avoir. Ça me ressemble vraiment par trop. Il y a bien longtemps que je n’ai autant souffert pour avoir cette hideuse maladie. Je t’aime, mon Toto, et te le dire, c’est mon bonheur, mon plaisir et ma joie. Tu es mon bon ange que j’adore, n’oubliea pas que j’attends de toute mon âme une bonne petit lettre de toi pour mes ETRENNES et des bons petits vers sublimes et ravissantsb comme toi seul en fais. Je te rendrai lettre pour lettre, vers pour vers comme je te rends amour pour amour. Seulement les miens seront meilleurs que les tiens, voilà tout. Baisez-moi, baisez-moi quoique je sois une vieille bête et une vieille patraque. Je vous adore, je vous aime et je vous aime. Vous m’avez donné un charmant petit pot qui vous ressemble comme deux gouttes d’eau. Je ne vous remercie pas, je l’admire et je vous aime, c’est bien mieux. Suzanne prétend qu’elle a vu deux tasses en allant au marché pareilles à celles que j’ai sur mon petit meuble et qu’on les lui a faites 25 sous avec la soucoupe, entendons-nous, 25 sous chaque tasse, sans préjudice de Mr de Chateaubriand. Mais je lui ai défendu expressément de les acheter, attendu que je ne me rapporte pas assez à ses connaissances sur la porcelaine de Chine pour ne pas craindre qu’elle ne nous apporte des tasses de la porcelaine de [Sèvres  ?] [illis.] d’ailleurs il ne convient pas que ce soit elle qui nous achète nos petites curiosités qui ne nous font tant de plaisir que parce que nous les achetons ensemble. Il est vrai que quand tu les achètes tout seul c’est encore mieux parce que ça me prouve que tu pensesc à moi pendant que je t’aime de toute mon âme. Merci, mon Toto chéri, de me mener à Marion ce soir. Il faudra probablement y traîner la mère Pierceau, ce qui sera moins amusant. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 189-190
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « n’oublies ».
b) « ravissans » (orthographe d’époque).
c) « pense ».

Notes

[1Marion de Lorme est repris à la Comédie-Française.

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