Guernesey, 14 novembre 1860, mercredi matin, 9 h.
Bonjour, mon cher petit homme ; bonjour et amour et sourire et bonheur ; bonjour, je t’adore. Cette fois-ci je m’y prends de bonne heure pour te bâcler ma chère petite restitus car si j’attendais à plus tard je ne suis pas sûre d’en venir à bout tant les petites occupations se multiplient autour de moi. J’espère que tu as passé une bonne nuit, mon doux adoré ? Quant à moi j’ai dormi comme une vraie marmotte. Je ne sais pas si j’en dois attribuer l’honneur exclusif au bain ou à la promenade, mais voilà deux nuits que je dors comme un sabot, ce qui est peut-être attribué autant à l’un qu’à l’autre pour être juste. Il fait un temps charmant ce matin peut-être cela te décidera-t-il à tenter une course aux vieux coffres demain ? Il est vraia qu’il ne faut pas trop compter sur la stabilité de ce pâle rayon de soleil. Enfin tu prendras le parti que tu voudras, comme toujours, pourvu que je sois avec toi, le plus longtemps possible je me fiche du reste. Je vais me dépêcher d’en finir avec mes tracasseries pour me livrer cœur et âme à ma chère COPIRE pour vous forcer à m’en redonner d’autre et beaucoup à la fois. Sur ce, je vous baise du haut en bas et je vous aime de pied en cap.
Juju
BnF, Mss, NAF 16381, f. 293
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « vai ».