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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 11 novembre 1860, dimanche 8 h. du m.

Bonjour, mon ineffable, mon divin adoré, bonjour ; que la santé, que le bonheur, que la gloire, que mon amour soient avec toi avec toutes les tendresses, tous les baisers, toutes les admirations et toutes les bénédictions, de ma pensée, de ma bouche, de mon cœur et de mon âme.
Comment va ta gorge ce matin, mon cher bien-aimé ? Comment as-tu passé la nuit ? En attendant que tu répondes toi-même à ces deux questions si intéressantes pour moi, j’espère que tu vas bien et que tu as dormi comme un bon petit loir. Quant à moi la tasse de thé m’a fait l’effet d’un narcotique car je n’ai fait qu’un somme depuis le moment où je me suis couchée jusqu’à six heures ce matin. Cela ne m’empêche pas de t’écrire de mon lit où je reste paresseusement et chaudement en attendant que Suzanne ait fini son petit tontonnage au bas et que mon déjeuner soit cuit. Tu vois que je me dorlotea comme une vraie princesse qui n’aurait que cela à faire. Du reste la soirée que je redoutais hier s’est passée très doucement entre cette douce et charmante femme et son remuant et aimable petit garçon [1], malgré ton absence que rien ne peut suppléer, même la conversation dont tu as été hier l’unique sujet entre elle et moi. Mais rien ne prévaut pour moi le bonheur de te voir et de t’entendre. Ta présence c’est le soleil qui m’inonde de vie et de rayons. Tout le reste est de l’ombre dans laquelle mon âme à froid. Je te dis toutes ces choses au milieu d’un tourbillon de tendresses qui se pressent à qui arrivera la première à ton cœur. Ne sachant à laquelle donner la préférence je leur donne la volée à toutes à la fois et je t’adore ici.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 291
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « dorlotte ».

Notes

[1Le petit garçon de la veuve Engelson se prénomme Iska. Victor Hugo l’engageait de temps en temps pour de menus travaux à Hauteville House. (CFL, t. XII, p. 1356.)

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