Guernesey, 3 octobre 1860, mercredi soir, 8 h. ½
Tu vois à quoi se passe mon temps, mon cher bien-aimé ? Je n’ai rien à faire à proprement dire et pourtant je suis occupéea sans relâche depuis le moment où je me lève jusqu’au moment où je me couche. Aujourd’hui toute ma journée s’est passée dans des petits tripotages sans nombre et ce n’est qu’à ce moment-ci que je peux me donner le luxe et la joie de ma chère petite RESTITUS. Aussi j’en profite avec emportement en attendant que tu viennes m’apporter ta chère petite personne à aimer et à baiser, ce qui vaut encore mieux que tousb mes gribouillis, quelque tendres qu’ils soient. J’ai chargé Marie Turpin de faire ta commission à Kesler. J’ignore si elle l’aura trouvé chez lui. Quant à toi, mon adoré, tu n’as pas encore fini de dînerc probablement et par conséquent ton passus mille est encore à faire. Aussi je ne t’espère pas avant une heure au plus tôt, trop heureuse si tu devances le terme que j’impose à mon impatience. En attendant, mon cher bien-aimé, je pense à toi avec attendrissement et admiration et je t’adore.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16381, f. 259
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « occupé ».
b) « diner ».
c) « tout ».