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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 octobre [1836], mardi matin, 12 h. ¾

Mon cher petit bijou, Mme Lanvin est déjà venue et repartie, elle n’apporte que 135 F. de M. Pradier qui a promis le reste le mois prochain en disant : qu’on donne un acompte à la pension vers 135 F. Ceci est un contretemps fâcheux pour les petites avances que nous avons faites. J’espère cependant qu’il tiendra sa promesse le mois qui vient. Je n’ai pas eu le temps de m’en entendre avec Mme Lanvin.
Il aurait été à désirer que nous puissions aller aujourd’hui pour la lampe, mais tu auras sans doute trop de choses à faire pour pouvoir m’y conduire.
Je suis très mouzonne, je vous en préviens afin que si vous reveniez tout à l’heure vous n’en soyez pas surpris. Tout ce qui menace notre avenir m’émeut et me fâche. Ce n’est pas ma faute si je me crois des droits éternels à votre amour.
Je vous aime, mon Toto chéri, je vous aime de toute mon âme, quoique je sache bien que vous ne m’aimez qu’après toutes vos autres affections et vos devoirs. Vous êtes certainement le plus parfait honnête homme qui existe, mais vous êtes un [mince ?] amoureux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 74-75
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette 


25 octobre [1836], mardi soir, 8 h. ¾

Je sens le besoin, mon cher adoré, de te demander pardon, je serais vraiment la plus ingrate de toutes les femmes si je n’en étais pas la plus irritable et la plus folle.
Je suis triste et honteuse lorsqu’il m’arrive de ces échappées indignes de nous deux et quoique je compte beaucoup sur ta noble nature, je crains cependant qu’à la longue mon mauvais caractère ne l’emporte.
Depuis que tu m’as quittéea, mon cher adoré, je pense à cela et je me repens et je désire une occasion de te prouver aux dépensb de ma vie qu’il y a de l’amour, du dévouement et de la reconnaissance dans cette nature si brutale et si sauvage.
Si tu as la bonté de revenir de bonne heure et si tu as ta bonne figure indulgente et douce, je serai la plus soumisse, la plus repentante et la plus heureuse femme du monde.
Mme Lanvin est repartie il y a quelques instants. Elle reviendra dans huit jours, c’est une découverte bien triste que j’ai faitec tantôt du renouvellement à faire le mois prochain.
Pauvre cher adoré, comment pourrai-je jamais reconnaître assez ce que tu fais pour moi. Oh ! Vraiment là, j’ai été bien coupable et bien méchante ce soir. Pardon. Pardonne ta pauvre insensée. Elle t’aime assez pour racheter tous ses crimes et être aimée de toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 76-77
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « quitté ».
b) « au dépend ».
c) « fait ».

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