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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 janvier [1836], jeudi matin, 9 h.

Bonjour mon cher petit Toto. Comment as-tu passé la nuit ? Pauvre chéri, tu ne m’auras sans doute pas écoutée, tu auras voulu travailler et tu seras plus malade aujourd’hui. Je le crains plus que je ne le désire. Je voudrais te voir pour m’assurer que ton entêtement ne t’a pas trop nuia.
Mon cher adoré, je n’ai pas d’autre chagrin que celui de te voir travaillant sans cesse et pour toi et pour moi. Si je pouvais trouver le moyen de te soulager dans ce travail excessif, je serais la plus heureuse, la plus gaie et la mieux portante femme du monde. Mais quand je sais que bien loin de diminuer ton fardeau je l’augmente de tout le poids d’une maison ruinée et ruineuse, je ne sais plus que devenir et je suis bien malheureuse.
J’ai passé une assez bonne nuit quoique j’aie fait des rêves fort tristes à notre sujet. Cependant je me sens encore très souffrante ce matin et je vais rester au lit le plus que je pourrai. Mon cher Toto, je vous aime, allez. J’aurais bien plus de joie et de courage à travailler pour vous que je n’en ai à accepter votre dévouement de toutes les nuits. Non pas par une fierté stupide, mais parce que votre vie m’estb cent fois plus précieuse que la mienne. Je t’aime, mon cher ange. Je t’aime, je t’aime. Tiens, je t’aime encore plus qu’autrefois.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 43-44
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) « nuit ».
b) « mais ».


28 janvier [1836], jeudi soir, 9 h. moins 10 m.

Mon cher petit fugitif, vous n’avez fait que paraître et disparaître, et encore aviez-vous l’air très effaré. Si vous étiez resté plus longtemps, je vous aurais embrassé de tout mon cœur et je vous aurais bien remercié de votre bonne visite. Mais... vous vous êtes enfui comme si le diable vous emportait ou comme si vous aviez un rendez-vous très intéressant ou bien encore comme si vous alliez à une première représentation, ce qui me paraît assez probable, soit dit entre nous. Le Manière, ou l’individu à moustache qui venait de sa part, ne s’est pas représenté jusqu’à présent. S’il vient, je lui ferai une belle révérence et j’irai au bal masqué avec lui. Han ! Han ! Cela vous apprendra à manger mes pommes quand je n’y suis pas : c’est-à-dire à aller aux premières représentations quand je n’y suis pas.
Je vous aime mon cher Toto, je vous adore, mon petit homme, quoique vous soyez fort maussade et plus du tout jaloux. Je vous aime et si vous étiez bien avisé vous viendriez de bien bonne heure pour quelque chose... de très bon... Et vous seriez très bien reçu et je vous pardonnerais tous vos [illis.]
J’ai écrit à Mr Pradier. Je vais écrire 3 autres lettres en manière de passe-temps et je vous promets, quoi que je fasse et quoi que je dise, de ne penser et de n’aimer que vous, mon cher petit bijou chéri.
Je t’aime, je te baise, je te grogne et je suis très aimable en vous attendant.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 45-46
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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