Guernesey, 28 novembre [18]68, samedi matin, 7 h. ¾
Bonjour, toi, bonjour, vous, bonjour, mon bien-aimé adoré. Tu es déjà à ton poste, comme toujours, et comme toujours aussi, je l’espère, après une très bonne nuit. Quant à moi, c’est toujours, aussi, la même rengaine : sommeil coupé et haché par des douleurs atroces. Du reste, bonne santé, bonne humeur et surtout bon amour. Avec cela je n’ai pas le droit de me plaindre et je peux faire la nique à ma névroso-gouttoso.
Je ne sais pas ce que sera ton courrier aujourd’hui et quels seront les nouveaux chiens que tu auras à fouetter mais je te fais souvenir d’écrire quoi que ce soit à M. de Coster [1], ne fût-ce que pour te débarrasser de ma scie. C’est bien assez de temps que le bon Dieu nous fait. Il n’y a pas le plus petit mot pour rire : et toujours de la pluie. Suzanne se lamente pour aller au marché sans rifflarda et moi je ne trouve pas drôle d’en acheter un pour qu’elle le perde comme les autres. Tout cela [n’est] pas amusant du tout. Mais je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 327
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « rifflar ».