Guernesey, 8 janvier [18]70, samedi soir, 9 h. ¾
Je te bâcle ma restitus au triple galop de ma pauvre vieille activité fourbue, éclopée et poussive. J’ai beau mettre les morceaux de ma journée doubles je ne viens pas à bout de faire tout mon TRÂVÂ, c’est décourageant. Il faudra par la force de mon éreintement que je me décide à chercher enfin une autre servante car je crains que la pauvre Henriette ne soit jamais assez guérie pour faire chez moi un service utile. De mon côté j’épuise le reste de force physique que j’ai à la remplacer, ce qui est juste peut-être mais ne me mènera pas bien loin. Sans compter que je ne suis plus capable d’assembler deux baisers ensemble tant je suis obsédée par les nécessités toujours renaissantes du ménage. Je te demande pardon de toute cette rabâcherie aussi fatiguée que fatigantea pour toi. Je me hâte de te donner tout ce que j’ai de meilleur dans le cœur. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 9
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « fatiguante ».