Guernesey, 12 juillet [18]68, dimanche, 6 h. ¾ du m[atin]
Cœur chaud, temps frais, amour radieux, ciel couvert, bonne nuit et meilleur bonjour encore. Voilà mon bulletin physique, psychique, atmosphérique et météorologique ce matin. J’espère que le vôtre ne lui est pas inférieur et n’en diffère sur aucun point et je m’en réjouis avec confiance. Cher bien-aimé, ce badinage veut dire que je t’adore et que j’ai bien dormi. Je viens de mettre les deux petits portraits du cher petit Georges sous enveloppe pour que tu les emportesa tantôt. J’ai hâte de le savoir revenu parmi nousb. En attendant, je l’aime comme s’il était toujours là. Je l’embrasse et je lui souris comme s’il m’entendait quand je lui faisais de si belles chansons à Chaudfontaine [1]. J’espère qu’il me reconnaîtra et qu’il voudra de moi pour berceuse et pour ménestrelle [2]. Je vous adore tous.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 193
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « tu les emporte ».
b) « parmis nous ».