Guernesey, 29 décembre 1868, mardi, 8 h. du matin
Bonjour, mon doux adoré, bonjour, comment la nuit, comment ton rhume ? Si tu étais bien inspiré, tu me le ferais dire ce matin par Marie quand elle viendra compter. Mais je n’y compte pas parce que je te sais trop occupé pour songer à cela. Dans le doute, j’aime à croire que tu as bien dormi et que ton rhume te lâche peu à peu. Quant à moi, je suis toujours logée à la même enseigne : l’insomnie. Mais comme je ne m’en porte pas plus mal, je m’en bats l’œil. Je te fais souvenir, mon cher bien-aimé, que tu m’as promis de me donner tout de suite le bon de trente francs sur M. P. Meurice au nom de Lanvin [1]. Je te prie de ne pas retarder une minute à le faire après que tu auras lu ceci pour ne pas l’oublier. Je te fais souvenir aussi de ma chère petite lettre de jour de l’an. Il m’arrivera de te le rappeler encore d’ici-là. En attendant, je t’aime de toutes mes forcesa, de tout mon cœur et de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 357
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « toute mes forces ».