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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 novembre [1840], mercredi après-midi, 2 h.

Je suis encore dans mon lit, mon petit homme, mais je vais en sortir dès que je t’aurai écrit. Je ne me sens presque plus de mes grandes douleurs d’hier et il est probable que ce soir je serai guérie tout à fait. Je suis même sûre de pouvoir te faire les honneurs de MA COUCHE si tu daignes L’HONORER DE TON CORPS cette nuit. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je viens d’écrire à la mère Krafft pour l’engager à me répondre tout de suite j’ai envoyé la lettre à la poste pensant bien que tu ne le trouverais pas mauvais. En même temps je lui demande (à Mme Krafft) que si elle peut utiliser Lanvin dans l’établissement de son fils elle rendra service à moi et à toute cette pauvre famille des Lanvin. C’est la mère Lanvin qui m’en a priéea hier si j’avais l’occasion de lui en parler. J’écrirai aussi à la marchande de modes qui passe toutes les bornes de la patience, quantb au cordonnier j’attendrai encore. Jour Toto. Je t’aime mon cher adoré. Quand je lis quelque chose qui rappelle un noble cœur, un généreux homme, une belle figure, tout de suite je pense à toi et je dis : Toto a ce cœur-là, Toto est bon comme ça, Toto est PLUS beau que ça. Et voilà comme toujours je pense en toi, je vis en toi et n’admire que par toi. Mon Toto bien-aimé, c’est bien vrai que je t’aime de toutes les puissances de mon âme. Je voudrais mourir pour toi. Donne-moi ta belle bouche que je m’y fonde tout entière. Je t’aime mon Toto.
Il pleut beaucoup à ce que me dit la bonne, je ne sais pas si tu as eu la précaution de prendre le parapluie et si tu auras celle de ne pas te faire traverser les [os ?] par les eaux qui ruissellent et égouttentc de toutes parts en t’abritant dans quelque coin. Il aurait mieux valu pour toi et pour moi ne pas sortir de la maison dans ce moment. Tâche au moins de revenir dîner de bonne heure afin que la soirée ne me semble pas mortellement ennuyeused. Je vais me lever et me débarbouiller un peu, je suis sûre que cela achèvera de me guérir. Mon petit Toto, vous êtes mon amour que j’aime par-dessus tout. Vous êtes mon petit homme charmant, bon, doux et ravissant dont je raffole toujours de plus en plus.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16343, f. 169-170
Transcription de Chantal Brière

a) « prié ».
b) « quand ».
c) « égoutent ».
d) « ennuieuse ».

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