Guernesey, 22 juin 1868, lundi, 7 h. du matin
Où en es-tu de ta nuit, mon cher bien-aimé ? Tu paraissais en bonne disposition hier malgré et peut-être à cause du sabbat dont tu sortais. Quant à moi qui n’avais subi aucune électrisation d’aucun genre [1], j’ai très peu et très mal dormi. J’aurais presque pu compter et additionner toutes les gouttes de pluie qui tombaient pour peu que cela m’ait amusée. En fin de compte, je suis assez mal en point ce matin mais je t’adore et je ne désire rien de plus si ce n’est, bien entendu, que tu me le rendes un peu. Je ne sais encore que penser du temps. Espérons qu’il fera beau pour notre promenade tantôt. C’est la seule manière pour moi de te voir dans la journée, c’est pour cela qu’elle est devenue un des premiers besoins de ma vie tous les jours. En attendant que mon sort se décide, je t’aime de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 175
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette