Guernesey, 19 février [18]68, mercredi matin, 7 h. ½
Je ne sais que penser de ta nuit, mon cher bien-aimé, mais je souhaite que tu dormes dans tous les cas toute la grasse matinée sans souci de ce que j’en peux penser ou supposer. J’étais à mon poste à sept heures et je t’ai guetté jusqu’à présent avec une constance digne d’un meilleur sort. J’ai très peu et très mal dormi, ce que j’attribue au changement de temps ou à n’importe quoi car cela n’a pas d’importance. Ce que je désire, ce qu’il me faut, ce que je demande à Dieu, c’est que tu te portes bien et que tu n’aies pas de chagrin et que tu m’aimes comme je t’aime. J’envie le bonheur de Madame Chenay de copier tes merveilleux et sublimes manuscrits et je pense avec chagrin que ce bonheur n’existe plus pour moi [1]. Encore si la collation de ces copies revenaita plus souvent, cela me consolerait un peu. Mais rien, rien, rien, c’est trop peu. Je vais aller voir si tu es levé, mon adoré bien-aimé. Je te bénis.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 50
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « la collation de ces copies revenaient ».