Guernesey, 1er février [18]68, samedi matin, 8 h.
Je vois par l’heure de ton lever, mon cher grand adoré, que ta nuit ne s’est pas trop ressentie de l’agitation de la soirée [1] et j’en suis bien contente. Somme toute, c’est un grand succès, aussi grand que puisse le faire cette petite île peuplées d’…Anglais. Le public avait pris à tâche de racheter par l’enthousiasme de ta sublime poésie la faiblesse déplorable de ceux qui l’interprétaient. Somme toute, je le répète, c’est un succès, un vrai et grand succès. Je vais copier la touchante dédicace attachée à la couronne que t’ont offertea ces pauvres acteurs [2] et je l’enverrai tout de suite à Kesler. Je doute qu’il ait eu le courage de se lever assez tôt ce matin pour aller leur dire adieu. J’espère que ces pauvres gensb auront fait leurs frais et qu’ils s’en vont heureux et fiers de ton accueil si bienveillant et si généreux. Je leur souhaite de rencontrer partout et toujours un public aussi indulgent et aussi sympathique que celui d’hier. Je leur souhaite tout ce qui leur manque pour ARRIVER au sommet de l’art et je te souhaite à toi, mon pauvre trop grand auteur, des acteurs à ta taille s’il y en a de par le monde, ce dont je doute.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 31
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]
a) « offert ».
b) « ses pauvres gens ».