Paris, 26 sept[embre] [18]79, vendredi matin, 9 h.
Je t’aime ! Il fait beau ! Je te souris ! Je suis heureuse ! Je te bénis ! Beaucoup de lettres sont venues dont plusieurs intéressantes à divers titres. De celles-là une de Mme Chenay qui t’envoie le portrait de ton aloës et du sien, à elle. Une lettre collective de mes Bretons [1] bretonnants tudesquement [2]. Unea autre de M. Caillavet [3], l’ami de Deschanel, qui t’envoie des ceps de Bordeaux promis depuis deux ans déjà. Plus un billet de Talmeyrb [4] me priant d’accepter une caisse de raisin muscat arrivant tout chaud du Midi. Puis des admirations à foison des quatre points cardinaux et des monceaux de vers grouillant de tout excepté de poésie.
J’ai prié les deux Lesclide pour ce soir ainsi que nous en étionsc convenus hier. Je lui donnerai le paquet des lettres auxquelles il doit répondre [5]. Une coïncidence heureuse, c’est que l’anniversaire de la naissance de Petite Jeanne se trouve précisément lundi prochain, jour de tous les Vacquerie, Lefèvre, Saint-Victor, Rouillon et Glaize. Quel bonheur. Mais, il y a un mais à ce bonheur, c’est l’absence de la chère petite et de son frère [6] que rien ne peut remplacer, pas même mon amour. Je le sens et j’en suis triste pour toi et pour moi.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 228
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « un ».
b) « Talmeir ».
c) « étion ».