Paris, 26 août 1881, vendredi midi
Cher bien-aimé, comment a été ta nuit ? Chaque fois que je me suis réveillée tu paraissais dormir mais peut-être ai-je pris ton immobilité et la régularité de ta respiration pour du sommeil. C’est ce dont je vais aller m’assurer tout à l’heure dès que mon gribouillis sera achevé. En attendant, toi, de ton côté, tu feras bien de te dépêcher de t’habiller pour pouvoir déjeuner avec tes enfants. À ce propos, il paraît que le chat, acheté par eux, hier, a déjà fait caca dans le lit de Jeanne et dans tout l’appartement de là-haut. C’est charmant, surtout si cela doit continuer. Quant à moi, je m’en lave les mains et le reste d’avance car j’ai déjà pris un bain ce matin, ce qui ne m’empêche pas de souffrir maintenant. J’ai écrit à Valpied pour l’autoriser, avec forces recommandations diverses, de ta part et de la mienne, à commencer les travaux du toit de notre maison [1].
J’ai écrit en même temps un mot gracieux et affectueux à Mme Chenay pour nous deux. Et je t’écris, à toi, que je t’adore plus que jamais.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 194
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette