Paris, 29 mai 1881, dimanche matin, 7 h.
Cher bien-aimé, j’espère que ta nuit aura été aussi bonne que la mienne mais j’attendrai d’en être bien sûre pour m’en réjouir à cœur joie malgré le temps qui est aussi hideux ce matin qu’en plein hiver.
Meurice m’écrit pour te prier d’aller au Rappel tantôt à deux heures très précises pour la signature des exemplaires [1]. Il a été tellement occupé hier et avant-hier qu’il n’a pas pu venir s’en entendre avec toi. Il me demande si j’irai avec toi ? Il me semble que cela ne fait pas de question puisque j’ai l’habitude de t’accompagner chaque fois que tu sors. Dans tous les cas, je me prépare pour cela quitte à rengainer mon désir s’il n’est pas d’accord avec le tien. Lesclide doit venir aujourd’hui mais bien inutilement, cette fois, et c’est grand dommage parce que je crois qu’il part demain rejoindre sa famille dans le Var pour plusieurs semaines. L’ennuyeuxa est qu’il y a une masse de lettres en souffrance qu’il aurait été utile de voir et peut-être d’y répondre. Tout cela est aussi ennuyeuxa à penser que la pluie qu’il fait en ce moment et que ma restitus plus bête, encore, si c’est possible, que les autres jours. Heureusement que je compte m’en dédommager dès ce soir en lisant, seulement, les titres de tes nouveaux chefs-d’œuvre. Je t’adore, sois béni.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 117
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « ennuieux ».