31 juillet [1841], samedia matin, 10 h. ¼
Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour mon amour chéri. Comment vas-tu, mon bon petit homme ? Tu m’avais promis que tu viendrais te reposer auprès de moi, mon pauvre petit bien-aimé, et tu ne l’as pas pu sans doute, puisque tu n’es pas venu. Tu as cependant bien besoin de repos, mon pauvre ange, et ce serait un acte de raison que tu ferais en en prenant un peu. Mon pauvre petit homme chéri, si tu n’y prends pas garde, ton courage te jouerab quelque mauvais tour et qu’est-ce que je deviendrais moi, si tu étais jamais malade ? Pense à cela, mon amour, et viens te reposer auprès de moi.
Voici ma pauvre fille repartie de ce matin de très bonne heure. Elle a été encore cette fois-ci très gentille et très bonne fille ; j’espère que lorsque la raison sera tout à fait développée ce sera une bonne et charmante femme. D’ici là j’aurai encore plus d’une fois des craintes et des anxiétés à son sujet mais cela ne peut guère être autrement [1].
Je vais me remettre à copier tout à l’heure jusqu’à ce que j’aie tout à fait fini et puis tu m’en apporteras d’autre, n’est-ce pas mon bien-aimé ? C’est ma joie et mon bonheur que de copier les admirables choses que tu écris [2]. Je t’aime, mon Victor ravissant, je t’aime de toute mon âme. Quand te verrai-je, mon Toto ? Tâche que ce soit tout de suite. J’ai faim et soif de toi. Je t’adore mon bon petit homme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16346, f. 103-104
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette
a) « vendredi ».
b) « joueras ».