Paris, 13 août [18]79, mercredi matin, 9 h.
Cher bien-aimé, je te félicite de ta bonne nuit et je m’en réjouis de tout mon cœur mais je crains que ton ardeur au travail ne finisse par te fatiguer, ce qui serait très mauvais pour toi. Aussi, mon grand petit homme, je te supplie d’enrayer un peu ton entrain pour éviter de te surmener outre mesure surtout pendant les grandes chaleurs. Nous devrions prendre un peu de vacances surtout le soir au moins pendant que tes nombreux amis sont absents de Paris. Aller dîner à la campagne et nous promener le soir après dîner jusqu’au moment de nous coucher, je t’assure que ce serait très agréable et nous ferait du bien à tous les deux. Tu verrais un peu moins Mme Retoux [1]… et autres, comme dit le bon Lesclide, et tu n’en serais pas beaucoup plus malheureux pour cela. Penses-y, mon cher adoré, et accorde-moi quelques bonnes soirées par-ci par-là. Je t’assure que je les ai bien gagnées par mon assiduité l’hiver. Je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 199
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette