Paris, 8 août [18]79, vendredi, 10 h.
C’est affaire à toi, mon grand bien-aimé, de mener de front les bonnes nuits et les journées laborieuses et la santé. Aussi je t’en félicite et je m’en réjouis de tout mon cœur en te priant de persévérer toujours dans cette bonne voie qui me tranquillise et me rend si heureuse.
Il est arrivé une circulaire de la Banque Nationale de Belgique pour toi à l’ancienne adresse de la rue de Clichy [1]. Est-ce que tu n’as pas déjà fait rectifier l’erreur ? Dans le cas contraire, tu ferais bien de le faire la prochaine fois que tu auras l’occasion d’écrire pour tes affaires à la susdite banque pour la régularité à venir. Dites doncque, Môsieu, j’ai payé pour vous tout à l’heure le nettoyagea de votre Pinoplante [2] : lavage, dégraissage, etc. le tout montant à 15 F. 60 ! Si vous croyez que cela m’enrichit vous vous trompez joliment, à preuve que je suis dans la débine bigrement au point de ne pas donner de recette aujourd’hui à votre cuisinière. Si cela vous arrange, moi aussi, et ce que je vous en dis n’est que pour vous tenir au courant de votre doit et avoir. Quant à partie double de votre amour et du mien Dieu sait où vous en êtes, ce qui ne m’empêche pas de vous adorer recta.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 194
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « nétoyage ».