Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1836 > Mars > 18

18 mars 1836

18 mars [1836], vendredi matin, 8 h. ½

Bonjour mon cher adoré, vous voyez bien que vous m’attrapez toujours. Aussi je vous préviens que la première fois que je vous tiendrai vous ne vous en irez qu’à bonne enseigne. Vous savez au reste que je suis toujours dans le même état. Je n’augure encore rien de cette stagnation parce que je crains trop le désappointement. J’attends et voilà tout.
Je vous aime, mon Toto chéri, vous y êtes si habitué maintenant que vous ne vous donnez même pas la peine de vous en assurer. Ah ! bien, moi, je vous aime comme si vous étiez le plus amoureux et le plus empressé des hommes. Il fait bien beau temps ce matin. Quand je pense que vous allez aller au théâtre, cela m’afflige et m’inquiète. Je crains tout de l’occasion et des efforts qu’on ne manquera pas de faire pour vous en faire profiter. Je ne crois pas, mon pauvre ange, et cela à te parler sérieusement, que je consente de nouveau à te laisser donner une pièce au théâtre, dans laquelle je n’aurais pas de rôle et où il y aurait un rôle de femme quelconque. J’ai trop souffert déjà et je souffre trop encore pour m’exposer à de nouvelles souffrances.
C’est que je t’aime, vois-tu, je t’aime de toute mon âme et avec toutes mes forces, et que je suis très jalouse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 203-204
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


18 mars [1836], vendredi soir, 8 h. ½

Mon cher bien-aimé, j’ai été bien triste tantôt, ne m’en veux pas, ce n’est pas ma faute, c’est que je t’aime. J’étais déjà triste de jalousie lorsque tu es venu me raconter l’histoire de Dupaty, et de chagrine que j’étais, je suis devenue nerveuse et méchante. Mais je t’en demande si bien pardon, mais je t’aime tant, mais je suis si bonne au fond du cœur, que tu feras bien de ne pas me garder rancune. Je suis très en bon état pour tout ce que vous voudrez.
J’ai fait une fameuse DÉBAUCHE ce soir, j’ai coupé une orange par tranches, j’y ai mis du sucre dessus et puis deux sous d’eau-de-vie pour sauce. J’aurais voulu que tu voies les lècheries de ces demoiselles. Elles se sont joliment régalées et moi aussi. Vous voyez bien que je suis très bien préparée pour toutes sortes d’événements. Cher petit Toto chéri, je t’aime, cher petit ange, j’admire ta patience et ta douceur. Mon cher petit amant, je t’adore. Mon grand Toto, je suis à vos pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 205-206
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne