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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 juin 1863

Guernesey, 6 juin [18]63, samedi après-midi, 1 h. ½

Me voici tout à fait remontée sur ma bête, mon cher bien-aimé. Tu le verras toi-même quand tu viendras tantôt me voir. Seulement je crois qu’il ne serait pas sagea à moi d’affronter le vent aujourd’hui parce que j’ai encore un peu de mal de tête, demain je serai tout à fait guérie et je pourrai me promener avec toi tant que tu voudras sans que mes jambes ni mon cœur s’en fatiguent. Mais, toi, mon adoré, comment va ton rhume ? Je sais que tu n’as pas bien dormi cette nuit et il est plus que probable que ton rhume en a été la cause. Pauvre bien-aimé, à quoi te sert mon amour qui ne peutb rien prévoir ni rien empêcher de ce qui t’est contraire et de ce qui te fait souffrir ? Je ne peux même pas te soigner et te dorloterc comme j’en aurais l’envie et le besoin. Je suis ici inerte t’aimant comme une brute sans aucune utilité pour toi. J’en suis triste et honteuse comme d’un tort volontaire que j’aurais vis à vis de toi et pourtant Dieu sait si mon bonheur, ma joie, mon orgueil ne seraient pas de te servir à genoux. Mon doux adoré, mon homme divin, je ne peux rien pour toi que t’aimer mais je m’en acquitte de toutes les forces de mon cœur et de mon âme. Sois béni, je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 148
Transcription de Chantal Brière

a) « pasage ».
b) « peu ».
c) « dorlotter ».

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